Carnet de bord d’un journaliste aux tempes argentées, 7 h 42, fumet d’Arabica et blues en intraveineuse
Les premières notes de B.B. King déboulent comme un rayon de soleil un lendemain de cuite : ça pique un brin, mais ça réchauffe la carcasse. Lucille couine, mon mug claque sur le bureau, et je me dis que la journée part plutôt bien. Sitôt la vapeur dissipée, Taj Mahal s’invite, grand sourire derrière la moustache ; son dobro glisse sur la table comme un glaçon dans le café (faut vraiment que je remette ce couvercle).
Puis Muddy Waters débarque, bottes pleines de boue du Mississippi, et subitement le Salon Jaune (AudioSolutions + Eversolo) prend l’odeur des juke joints enfumés où l’on sert le whisky tiède à même le comptoir. Ry Cooder, lui, joue les contrebandiers : trois accords, un coup d’auto-slide, et hop ! je suis téléporté du delta à Los Angeles sans passeport ni vaccin.
Stevie Ray Vaughan décide alors de repeindre mes murs couleur Fender Stratocaster, Buddy Guy rallume l’électricité de ses chorus espiègles, Eric Bibb apporte la touche gospel — celle qui te fait lever les yeux au plafond pour voir si le ciel s’est rapproché. Et quand John Lee Hooker conclut d’un « Boom Boom » bien senti, même Jérémy le grincheux tape du pied contre le son bureau : preuve scientifique que le blues est contagieux.
Cette playlist Qobuz, c’est un carnet de route : pour l’instant balisé par ces monuments, mais promis, on poussera bientôt les portes de clubs plus obscurs, à la recherche de voix rugueuses, de guitares rouillées, de trésors que seule la poussière protège. Abonnez-vous, retournez-y quand l’humeur fait grise mine — vous y trouverez peut-être, entre deux accords mineurs, l’étincelle qui manquait à votre tasse de café.
Allez, j’appuie sur repeat… le percolateur n’a qu’à bien se tenir.
Accès à la Playlist : Playlist Opus 51 Blues