Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai longtemps eu des préventions à l’égard du compositeur chef d’orchestre Giuseppe Sinopoli, décédé prématurément d’une crise cardiaque à Berlin en avril 2001, à l’âge de 53 ans. Peut-être sa formation de psy ?

Universal vient de rééditer dans sa collection Eloquence qui n’est distribuée malheureusement qu’en Allemagne et sporadiquement en Belgique – mais pas du tout en France – ce qui pourrait bien être la plus réussie des intégrales des symphonies de Mahler. Certainement celle que je préfére et que je vous conseille sans aucune restriction.

Quoiqu’il en soit, symphonie après symphonie, je redécouvre l’art de Sinopoli, qui ne “surjoue” pas Mahler, (Bernstein) qui ne le traite pas non plus à la pointe (Boulez), qui trouve finalement un équilibre assez rare entre sobriété et épanchement, entre romantisme et modernité. De surcroît son orchestre est magnifiquement enregistré, et ses partenaires vocaux sont absolument admirables : Bryn Terfel dans les Kindertotenlieder, Bernd Weikl dans le Knaben Wunderhorn, Iris Vermillion et Keith Lewis dans Das Lied von der Erde, Brigitte Fassbaender dans les Lieder eines fahrenden Gesellen (surprenant ce choix de confier à une voix de femme ce qui est plutôt dévolu à un baryton, et inversement de faire chanter à Bryn Terfel des Kindertotenlieder qui sont l’apanage des Kathleen Ferrier, Christa Ludwig et autres contraltos…).

(Grand merci à Jean-Pierre Rousseau)

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