Pylon Audio : la constance tranquille
Fondée en 2011 à Jarocin, petite ville de Pologne, Pylon Audio s'est fait une place discrète mais remarquée dans le paysage européen.
À rebours des marques tapageuses, Pylon a opté pour une croissance artisanale : conception, fabrication de la majorité des haut-parleurs en interne, et une philosophie qui privilégie la musicalité à l'effet de manche.
Sans chercher l’innovation gadget, la maison polonaise a bâti une gamme cohérente : des modèles bien nés, aux tarifs souvent contenus, destinés à ceux qui préfèrent une écoute vivante à une démonstration de laboratoire.
La série Diamond, dans cette approche, représente le milieu de gamme de Pylon, avec une ambition claire : proposer un son généreux, accessible, et capable de rivaliser avec des enceintes bien plus onéreuses.
Présentation technique des Diamond 25 MKII
Évolution du modèle Diamond 25 lancé quelques années plus tôt, la version MKII apporte quelques ajustements subtils mais significatifs.
Nous avons ici une enceinte colonne relativement compacte (environ 92 cm de hauteur), trois voies, équipée de :
- deux haut-parleurs de grave/médium de 15 cm à membrane en fibre de verre (modèles produits en interne),
- Un tweeter à dôme textile de 25 mm développé en collaboration avec un fabricant spécialisé,
- Un évent bass-reflex situé à l’arrière, à mi-hauteur de l'enceinte.
La courbe d'impédance (annoncée à 4 ohms) et la sensibilité (environ 89 dB) en font des enceintes faciles à alimenter, bien que leur talent s'exprime pleinement avec des électroniques de qualité.
La charge bass-reflex, correctement calibrée, permet une bonne extension du grave sans pour autant saturer les petits volumes.
Le design, très sobre, laisse une impression d'honnêteté plus que de flamboyance : coffret plaqué (ou laqué en option), angles légèrement arrondis, base simple sans artifices décoratifs.
Installation et matériel associé
Les écoutes ont été menées dans le Salon Jaune de Opus 51, soit environ 80 mètres cubes traités avec soin mais légéreté.
Les Diamond 25 MKII ont été écartées de 2 mètres, avec un recul de 80 cm par rapport au mur arrière pour optimiser l'équilibre tonale et l’image sonore.
L’ensemble des écoutes s’est appuyé sur :
- Streamer-DAC-préampli Eversolo A8,
- Amplificateur Eversolo AMP-F2 ou, en alternative, amplificateur intégré Marantz Model 60n,
- Câblage Albedo Silver gamme Blue,
- Mobilier Rogoz Audio et divers accessoires d’optimisation acoustique (neodio, Dilixaudio, Isoacoustic).
- La source musicale était Qobuz (haute résolution).
Impressions d'écoute
Dès les premières mesures, les Pylon Diamond 25 MKII donnent le ton : elles ne cherchent ni à impressionner ni à flatter artificiellement. Leur approche est d’emblée naturelle, incarnée, avec une absence de coloration grossière qui rassure instantanément.
Pour évaluer leurs qualités, j'ai pioché dans un programme d’écoute éclectique mais exigeant, taillé pour révéler aussi bien la justesse des timbres que l’aptitude à restituer l’espace sonore et la dynamique.
Uri Caine – Dark Flame
Uri Caine est de ces pianistes insaisissables qui passent du classique au jazz contemporain avec la souplesse d’un chat sur un clavier. Dark Flame, enregistré dans une atmosphère quasi liturgique, superpose piano, contrebasse, et quelques percussions dans une tension contenue.
Sur cet album, les Diamond 25 MKII démontrent une excellente aptitude à reproduire les nuances fines : les attaques de piano sont nettes sans dureté, les résonances du grave sont présentes sans boursouflure. La dynamique, sans atteindre des sommets de brutalité, est bien gérée, et permet de suivre les crescendos avec naturel.
La scène sonore, ample et ouverte, installe le trio avec une belle profondeur, même si la toute dernière octave de grave manque parfois d'assise sur les passages les plus sombres.
Naïssam Jalal – Quest of the Invisible
Flûtiste franco-syrienne, Naïssam Jalal livre avec Quest of the Invisible une quête mystique entre jazz, musique soufie et méditation sonore. L’album est un bijou de subtilités, où le silence a autant d'importance que les notes.
Les Diamond 25 MKII brillent ici par leur sens de la retenue : elles savent se faire oublier pour mieux laisser surgir l'émotion. La flûte, d’une pureté cristalline, flotte dans l’espace avec une aisance réjouissante.
Si l’on chipote, un filet supplémentaire d'air dans le très haut du spectre aurait sans doute permis de mieux percevoir les réverbérations les plus ténues. Mais la sensation de plénitude musicale reste remarquable pour des enceintes de ce gabarit.
Gérard Manset – La Mort d'Orion
Ode sombre et fascinante, La Mort d'Orion (1970) est un monument de la chanson française expérimentale. Mélange d'oratorio, de rock progressif et de poésie crépusculaire, cet album exige de l'ampleur, du souffle, et une capacité à distinguer les multiples strates sonores.
Les Diamond 25 MKII restituent avec conviction l'univers de Manset : la voix est bien détachée, jamais écrasée par les orchestrations lourdes.
Cependant, sur les passages les plus chargés, les enceintes révèlent leurs limites : un grave plus abyssal aurait permis de mieux ressentir la dramaturgie de l'œuvre, et le haut médium mériterait par moments un peu plus de délicatesse pour éviter une légère compression de la complexité orchestrale. Rien de rédhibitoire, mais les amateurs de sensations symphoniques XXL devront en tenir compte.
Elsa Grether – Granada
Violoniste d’une rare intensité, Elsa Grether signe avec Granada un album consacré à des œuvres ibériques pour violon et piano. L’enregistrement, pur et sans artifices, demande une grande précision pour restituer l'équilibre subtil entre le violon ciselé et le piano chaleureux.
Ici encore, les Diamond 25 MKII font preuve de qualités indéniables : le violon sonne vivant, jamais nasillard ni projeté de manière artificielle. Le piano, quant à lui, conserve une belle densité dans le médium, et une attaque naturelle.
Le haut du spectre, un peu moins raffiné que celui d’enceintes beaucoup plus ambitieuses, révèle ses limites sur certaines harmoniques hautes du violon, mais globalement, l'émotion passe avec fluidité et grâce.
Au fil de ces écoutes, plusieurs traits de caractère se dessinent :
- Les timbres sont globalement respectés, avec une belle matière, notamment sur les voix et les instruments acoustiques.
- La dynamique, sans être explosive, est parfaitement suffisante pour donner vie aux interprétations les plus sensibles comme les plus affirmées.
- La scène sonore s'étale généreusement en largeur comme en profondeur, favorisant une immersion naturelle sans artifice.
- Le grave, propre et bien contrôlé, montre ses limites en extension, mais sans jamais baver ni gonfler de manière disgracieuse.
- Le haut du spectre, agréable, manque cependant parfois d'un supplément de finesse et de soyeux que l’on trouverait sur des modèles de gamme supérieure.
En somme, les Diamond 25 MKII séduisent par leur cohérence globale, leur franchise musicale, et cette capacité à respecter la musique sans chercher à la trahir ni à la rendre spectaculaire.
Conclusion
À l'heure où l'offre foisonne dans le monde des enceintes colonnes autour de 2500 € la paire, les Pylon Diamond 25 MKII s'affirment comme une alternative plus que crédible pour l'amoureux de musique exigeant mais lucide.
Pas de spectaculaire inutile ici, ni de fioritures tapageuses : juste la volonté d’offrir une restitution sincère, habitée, capable d’accompagner les longues heures d'écoute sans fatigue ni lassitude.
Bien associées à des électroniques de qualité, elles savent se montrer tour à tour discrètes et passionnées, effleurant parfois cette zone si rare où la technique s'efface au profit de l’émotion pure.
Victor Hugo écrivait : « La musique exprime ce qui ne peut être dit et sur quoi il est impossible de rester silencieux. »
Les Diamond 25 MKII, sans prétendre réinventer la roue, s’inscrivent humblement dans cette filiation : elles servent la musique sans jamais chercher à la dompter.
Dans un monde parfois trop prompt à confondre brillant marketing et vraie musicalité, ces colonnes polonaises rappellent avec modestie qu'un bon enregistrement, une écoute attentive... et même un café devenu froid peuvent suffire à rendre une matinée précieuse.
Car oui, en cette fin de session d'écoute prolongée, même refroidi, mon café éthiopien conserve cette intensité singulière, presque complice, à l’image de ces Pylon : une force tranquille qui sait se faire apprécier jusqu’à la dernière goutte.
Lu dans la Presse
StereoLife (Pologne) :
« Avec les Diamond 25 MKII, Pylon Audio propose des enceintes équilibrées, fluides et étonnamment expressives pour leur catégorie tarifaire. Une réussite discrète mais indéniable. »
AudioVideo.pl :
« Les Diamond 25 MKII séduisent par leur naturel et leur capacité à reproduire une scène sonore ample et cohérente. Un choix judicieux pour les mélomanes en quête d'authenticité. »
Hi-Fi Choice (UK) :
« Belle musicalité, dynamique mesurée mais vivante, timbres chaleureux : les Diamond 25 MKII parviennent à captiver l'auditeur sans jamais tomber dans la démonstration forcée. »
Lien vers notre boutique : https://www.opus51.net/opus-51-enceintes/pylon-audio-diamond-25-mkii-la-paire.html
Les Notes :
Fabrication : 15/20
Image : 16/20
Timbres : 14/20
Dynamique : 15/20
Transparence : 14/20
Qualité/Prix : 17/20
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Les notes sont données de manière absolue nonobstant le tarif du produit testé.Les propos et les avis énoncés dans ce test n'engagent que l'auteur de ce test et en rien la société Opus 51. Les avis donnés ne concernent que le produit testé.