Cette Lilli, à peine haute de 21 cm, large de 15,4 cm et profonde de 27 cm, semble défier les lois de la physique. Une véritable miniature audiophile dont les 5 kg par unité trahissent pourtant un travail de construction digne d’une sculpture d’ingénierie. Le coffret, réalisé en MDF, bénéficie d’un amortissement original : ses flancs sont lestés d’un disque en inox et d’un matériau viscoélastique chargé de dompter toute résonance parasite. Compacte, certes, mais dense, solide, inerte — comme si chaque centimètre cube avait été pensé pour servir la musique.
Neodio a confié la réalisation de ses deux transducteurs au constructeur français Kartesian, connu pour son exigence technique. Le médium-grave, un 100 mm à forte élongation doté d’une membrane carbone-aluminium, assure une réponse étendue et rapide dans le bas du spectre. Au-dessus, un tweeter à dôme souple, animé par un moteur en Néodyme, prend le relais. Ces deux haut-parleurs, positionnés au plus près l’un de l’autre, œuvrent en parfaite synergie pour couvrir une bande passante allant de 50 Hz à plus de 20 kHz, le tout dans une configuration deux voies bass-reflex à évent arrière.
À l’intérieur, le soin typiquement « Neodio » se prolonge jusque dans le moindre détail : le câblage est assuré par le Fractal 8, l’un des modèles maison, tandis que le filtre passif réunit des composants triés sur le volet — selfs à air vernies, condensateurs polypropylènes, agencés avec une précision chirurgicale. Chaque élément participe à cette philosophie chère à Neodio : éliminer les causes d’instabilité vibratoire et électrique qui troublent la musique.
Visuellement, la Lilli s’habille d’un gris élégant, sobre et intemporel, mais le constructeur propose sur demande une large palette de finitions, histoire d’accorder la forme à l’esprit. Son tarif se situe à 4 500 € la paire, auxquels on pourra ajouter 800 € pour les pieds dédiés, et encore 600 € pour parfaire l’assise grâce aux supports Harmonie, trois par pied, destinés à stabiliser le grave et renforcer l’aération du message sonore.
Première incursion de Neodio dans le monde de l’acoustique, la Lilli ne ressemble à rien de connu : un concentré de savoir-faire, de minutie et de cohérence. Une petite enceinte qui n’a rien de petit, sinon la taille.
Premières impressions d’écoute
La première rencontre avec la Neodio Lilli provoque un sourire, puis un silence. On regarde ces petites boîtes d’à peine vingt centimètres, et déjà l’esprit doute : « voyons, est-ce bien elles qui jouent ? » Puis vient le moment du premier morceau, et là, inévitablement, c’est un grand “waouh”. Oui, ce sont bien ces lilliputiennes qui emplissent la pièce d’un son ample, vivant, incarné. Un instant, on se demande s’il n’y a pas quelque part un caisson caché sous la table basse — mais non, tout vient d’elles, de ces minuscules Lilli qui semblent défier les lois de l’acoustique domestique.
Pour découvrir ces Neodio, je les ai associées au Goldnote IS-1000, ce tout-en-un italien dont la restitution conjugue neutralité, dynamisme et élégance. Une association naturelle, équilibrée, et surtout révélatrice. Pendant deux heures, dans le salon blanc d’Opus 51, ce bel espace d’hiver baigné de lumière et ouvert sur le jardin, la musique s’est installée et a lentement conquis la pièce.
Aucune fatigue, aucune crispation : la Lilli chante avec naturel, et l’on se surprend à écouter longtemps, très longtemps, sans ressentir le besoin de changer de disque ni de baisser le volume. Ce qui frappe d’abord, c’est la lisibilité. Sur la chanson française notamment, les mots de Gainsbourg, de Barbara ou d’autres s’écoulent avec une clarté exemplaire. On comprend tout, sans effort, comme si la diction même des artistes s’était faite plus précise.
Le grave, tenu et ferme, surprend par sa présence physique, tandis que l’aigu, doux mais précis, ne verse jamais dans la démonstration. La scène sonore s’ouvre largement, avec cette impression rare que les enceintes disparaissent pour ne laisser place qu’à la musique.
Le temps a filé, et mon café indien s’était depuis longtemps refroidi lorsque l’heure du déjeuner s’est annoncée. Il fallut bien arrêter là, à regret, cette belle session. Stéphane Even, venu présenter sa création, reprenait la route, d’autres lieux l’attendant, d’autres oreilles impatientes de découvrir ces étonnantes Lilli.
En février prochain, lorsque les premières paires de série arriveront enfin — dès que le fabricant du tweeter aura surmonté ses soucis d’approvisionnement en terres rares — je me réjouis déjà de les accueillir à nouveau, pour confirmer ce pressentiment : celui d’un petit miracle acoustique.