Présentation des protagonistes : ou comment marier un amplificateur connecté survitaminé à une paire d’enceintes qui ne demande qu’à vivre sa meilleure vie
Indiana Line Utah 5 – le revival seventies qui groove
- Architecture : colonne 3 voies avec un gros woofer de 10 " secondé par un médium 5 " et un tweeter textile 26 mm. Deux évents orientés vers le bas (« Twin Port ») évitent tout bruit de souffle indélicat, même quand vous titillez le potard !
- Efficacité : 94 dB/2,8 V/1 m. Autrement dit, un rien d’énergie et la bête rugit.
- Réponse annoncée : 38 Hz – 22 kHz ; assez pour faire trembler le parquet et chatouiller les ultrasons de votre chat.
- Dimensions & poids : 62 × 32 × 29,5 cm (un peu plus hautes avec les pieds) pour 14 kg l’unité – de la haute couture en MDF, finition chêne clair ou noir, façade noire mate digne d’une platine vinyle 70’s.
- Ampli conseillé : 30 – 160 W/ canal, impédance 4–8 Ω – bref, n’importe quel intégré raisonnable fera l’affaire.
En résumé : un look rétro chic, une implantation facile (la légère inclinaison arrière optimise l’axe d’écoute) et une personnalité sonore « grandeur nature » qui passe de Qobuz Jazz à AC/DC sans transpirer.
WiiM Amp Pro – le petit carré qui en sait long
- Puissance et Technologie : Classe D TI TPA3255 délivrant 2 × 60 W/8 Ω ou 120 W/4 Ω ; parfait pour chahuter les 94 dB des Utah sans clipper.
- DAC : ESS ES9038Q2M, SNR 120 dB ; WiiM a aussi revu le schéma en Post-Filter Feedback pour un bruit de fond qui joue à cache-cache.
- Connectique : HDMI ARC, optique, RCA, USB-A, sortie subwoofer, et bien sûr Wi-Fi 6E, Ethernet, Bluetooth 5.3 bidirectionnel. Adieu nœuds au cerveau cablage !
- Streaming : Chromecast, Tidal Connect, Spotify Connect, Roon Ready, Alexa/Google, Room Correction et EQ 10 bandes – le couteau suisse du salon.
Signature sonore (aperçu presse) : restitution neutre-douce, grave légèrement chaleureux, médium ciselé ; seul le punch ultime reste l’apanage d’amplis trois fois plus chers.
Escapade d’écoute : cinq titres, deux enceintes et un portefeuille qui respire encore
Piste | Ce que j’entends | Pourquoi je lève un sourcil admiratif |
---|---|---|
Anette Askvik – “Liberty” | La ligne de basse, profonde mais sèche comme une gifle de soie, se cale net ; pas l’ombre d’un bourdonnement. La voix d’Askvik flotte au-dessus, vibrato intact, comme si l’air même avait signé un NDA pour ne pas la trahir. | J’ai déjà vu des systèmes trois fois plus chers noyer la section rythmique dans un flan. Ici, 120 € le woofer et ça frappe avec le tact d’un percussionniste suisse. |
Rokia Traoré – “N’Téri” | Les percussions mandingues claquent, filent, s’éteignent ; le grave reste tendu, jamais flasque. La guitare, en plein médium, garde ce grain de bois brut que les amplis trop analytiques sabrent souvent. | Le haut-parleur de 270 mm de l’Utah 5 cavale comme un marathonien sous caféine : rapide, précis, zéro essoufflement. Pas de fatigue ; je peux rembobiner le morceau sans anesthésiant pour tympans. |
Mathilde – “La Javanaise” | Cordes et accordéon tissent un halo sans acidité. Le médium rend les inflexions de voix avec une lisibilité presque tactile ; on devine la commissure des lèvres sur chaque « j’ava ». | Le tweeter textile laisse filer le haut du spectre sans résonance métallique : c’est brillant, pas brillantissime. Mon ORL peut rester en week-end. |
Alain Bashung – “Madame Rêve” (Live 2008) | L’espace scénique se déploie : applaudissements en fond, respiration de Bashung au micro. À volume « voisin fâché », la scène reste stable, les réverbérations ne s’écrasent pas – merci la correction de pièce du WiiM. | Je cligne des yeux : mini-ampli à 500 € et j’entends la salle de l’Olympia. D’ordinaire, dans cette gamme, c’est plus « salle de bains » que « salle mythique ». |
Billie Eilish – “Bad Guy” | Le kick synthétique percute sans traîne, l’infra-grave n’empiète jamais sur la ligne vocale chuchotée. Les « duh » restent nets même à - 5 dBFS. | Normalement ce morceau tourne vite à la scie sauteuse dans les aigus ; là, rien ne vrille. À croire que l’ampli a pris des cours de gestion de colère. |
Conclusion :
Grave : précis et rapide, digne d’un cardio-chirurgien insomniaque.
Médium : ultra lisible ; les cordes vocales conservent leurs timbres, pas de lifting numérique.
Aigu : civilisé, jamais sabré, jamais agressif ; un tweeter qui sait quand fermer sa gueule.
Fatigue d’écoute : zéro – j’écris ces lignes sans la moindre envie de baisser le volume, quoique...
Reconnaissons-le d’emblée : si vous cherchez la dernière once de micro-détail, la stéréo qui place la mouche au dixième rang chaise 14, bref le nirvana millimétré des systèmes à quatre zéros et plus… passez votre chemin ou préparez un prêt sur dix ans. Le tandem Indiana Line Utah 5 / WiiM Amp Pro n’y prétend pas.
Mais quelle honnêteté ! On lui demande de jouer, il joue. De groover, il groove. D’être neutre, il reste stoïque comme un chat devant un laser. Pas d’esbroufe, pas de « voile audiophile » tiré sur la partition ; juste une restitution franche qui donne envie d’enchaîner les morceaux plutôt que d’enchaîner les upgrades.
Alors oui, les grandes orgues de Saint-Sulpice garderont un soupçon de majesté en réserve pour les systèmes cinq fois plus chers ; néanmoins, pour moins de 1 200 € TTC, cette petite alliance respire l’honnêteté, la simplicité… et un certain mépris pour les banquiers audiophiles.