vendredi, 16 mai 2025 14:57

HiFi : Indiana Line Utah 5 - Wiim Amp Pro

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Indiana Line Utah 5 - Wiim Amp Pro

Je pousse la porte de l'auditorium blanc, par la baie vitrée, un ciel bleu Klein coule comme de l’encre fraîche ; les oiseaux, perchés sur les bambous, improvisent une fugue baroque tandis que le vent feuillette les feuilles avec la nonchalance d’un critique blasé. Tout respire la sérénité — un décor prêt-à-méditer que la hi-fi s’apprête à vandaliser, délicatement.

Dans ma main gauche, un café serré dont l’amertume picote la langue comme un haïku raté ; dans la droite, ma tablette, auréolée de la toute nouvelle fonction Qobuz Connect — miracle numérique promis à révolutionner mon quotidien, du moins jusqu’à la prochaine mise à jour. Un effleurement d’écran, et ma playlist Playlist Qobuz s’échappe, cascade lumineuse de bits se ruant vers le WiiM Amp Pro.

Les premières basses bousculent le silence ouaté, et l’on jurerait voir un merle lever la tête, outré de ce groove importun. Moi, j’enfonce le dos dans le fauteuil, prêt à scruter, à jauger, à décocher des épigrammes si le mariage Indiana Line Utah 5 / WiiM Amp Pro dérape. Que la scène commence : entre la zenitude du jardin et l’ironie de mes esgourdes, il ne reste plus qu’à faire danser les décibels — avec élégance, ou avec fracas, mais sûrement pas avec tiédeur.


WiimAmpPro 03

Présentation des protagonistes : ou comment marier un amplificateur connecté survitaminé à une paire d’enceintes qui ne demande qu’à vivre sa meilleure vie

Indiana Line Utah 5 – le revival seventies qui groove

- Architecture : colonne 3 voies avec un gros woofer de 10 " secondé par un médium 5 " et un tweeter textile 26 mm. Deux évents orientés vers le bas (« Twin Port ») évitent tout bruit de souffle indélicat, même quand vous titillez le potard !
- Efficacité : 94 dB/2,8 V/1 m. Autrement dit, un rien d’énergie et la bête rugit.
- Réponse annoncée : 38 Hz – 22 kHz ; assez pour faire trembler le parquet et chatouiller les ultrasons de votre chat.
- Dimensions & poids : 62 × 32 × 29,5 cm (un peu plus hautes avec les pieds) pour 14 kg l’unité – de la haute couture en MDF, finition chêne clair ou noir, façade noire mate digne d’une platine vinyle 70’s.
- Ampli conseillé : 30 – 160 W/ canal, impédance 4–8 Ω – bref, n’importe quel intégré raisonnable fera l’affaire.

En résumé : un look rétro chic, une implantation facile (la légère inclinaison arrière optimise l’axe d’écoute) et une personnalité sonore « grandeur nature » qui passe de Qobuz Jazz à AC/DC sans transpirer.

WiiM Amp Pro – le petit carré qui en sait long

- Puissance et Technologie : Classe D TI TPA3255 délivrant 2 × 60 W/8 Ω ou 120 W/4 Ω ; parfait pour chahuter les 94 dB des Utah sans clipper.
- DAC : ESS ES9038Q2M, SNR 120 dB ; WiiM a aussi revu le schéma en Post-Filter Feedback pour un bruit de fond qui joue à cache-cache.
- Connectique : HDMI ARC, optique, RCA, USB-A, sortie subwoofer, et bien sûr Wi-Fi 6E, Ethernet, Bluetooth 5.3 bidirectionnel. Adieu nœuds au cerveau cablage !
- Streaming : Chromecast, Tidal Connect, Spotify Connect, Roon Ready, Alexa/Google, Room Correction et EQ 10 bandes – le couteau suisse du salon.

Signature sonore (aperçu presse) : restitution neutre-douce, grave légèrement chaleureux, médium ciselé ; seul le punch ultime reste l’apanage d’amplis trois fois plus chers.

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 Escapade d’écoute : cinq titres, deux enceintes et un portefeuille qui respire encore

PisteCe que j’entendsPourquoi je lève un sourcil admiratif
Anette Askvik – “Liberty” La ligne de basse, profonde mais sèche comme une gifle de soie, se cale net ; pas l’ombre d’un bourdonnement. La voix d’Askvik flotte au-dessus, vibrato intact, comme si l’air même avait signé un NDA pour ne pas la trahir. J’ai déjà vu des systèmes trois fois plus chers noyer la section rythmique dans un flan. Ici, 120 € le woofer et ça frappe avec le tact d’un percussionniste suisse.
Rokia Traoré – “N’Téri” Les percussions mandingues claquent, filent, s’éteignent ; le grave reste tendu, jamais flasque. La guitare, en plein médium, garde ce grain de bois brut que les amplis trop analytiques sabrent souvent. Le haut-parleur de 270 mm de l’Utah 5 cavale comme un marathonien sous caféine : rapide, précis, zéro essoufflement. Pas de fatigue ; je peux rembobiner le morceau sans anesthésiant pour tympans.
Mathilde – “La Javanaise” Cordes et accordéon tissent un halo sans acidité. Le médium rend les inflexions de voix avec une lisibilité presque tactile ; on devine la commissure des lèvres sur chaque « j’ava ». Le tweeter textile laisse filer le haut du spectre sans résonance métallique : c’est brillant, pas brillantissime. Mon ORL peut rester en week-end.
Alain Bashung – “Madame Rêve” (Live 2008) L’espace scénique se déploie : applaudissements en fond, respiration de Bashung au micro. À volume « voisin fâché », la scène reste stable, les réverbérations ne s’écrasent pas – merci la correction de pièce du WiiM. Je cligne des yeux : mini-ampli à 500 € et j’entends la salle de l’Olympia. D’ordinaire, dans cette gamme, c’est plus « salle de bains » que « salle mythique ».
Billie Eilish – “Bad Guy” Le kick synthétique percute sans traîne, l’infra-grave n’empiète jamais sur la ligne vocale chuchotée. Les « duh » restent nets même à - 5 dBFS. Normalement ce morceau tourne vite à la scie sauteuse dans les aigus ; là, rien ne vrille. À croire que l’ampli a pris des cours de gestion de colère.

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Conclusion :

Grave : précis et rapide, digne d’un cardio-chirurgien insomniaque.

Médium : ultra lisible ; les cordes vocales conservent leurs timbres, pas de lifting numérique.

Aigu : civilisé, jamais sabré, jamais agressif ; un tweeter qui sait quand fermer sa gueule.

Fatigue d’écoute : zéro – j’écris ces lignes sans la moindre envie de baisser le volume, quoique...

Reconnaissons-le d’emblée : si vous cherchez la dernière once de micro-détail, la stéréo qui place la mouche au dixième rang chaise 14, bref le nirvana millimétré des systèmes à quatre zéros et plus… passez votre chemin ou préparez un prêt sur dix ans. Le tandem Indiana Line Utah 5 / WiiM Amp Pro n’y prétend pas.

Mais quelle honnêteté ! On lui demande de jouer, il joue. De groover, il groove. D’être neutre, il reste stoïque comme un chat devant un laser. Pas d’esbroufe, pas de « voile audiophile » tiré sur la partition ; juste une restitution franche qui donne envie d’enchaîner les morceaux plutôt que d’enchaîner les upgrades.

Alors oui, les grandes orgues de Saint-Sulpice garderont un soupçon de majesté en réserve pour les systèmes cinq fois plus chers ; néanmoins, pour moins de 1 200 € TTC, cette petite alliance respire l’honnêteté, la simplicité… et un certain mépris pour les banquiers audiophiles.

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