Il faut parfois tendre l’oreille jusqu’à l’Angleterre profonde pour entendre chuchoter des merveilles. Ultrafide Audio, ça ne vous dit peut-être rien – mais dites-le doucement, on vous pardonnera. Car derrière cette jeune pousse anglaise se che un cèdre aux racines profondes : MC² Audio, nom bien connu des professionnels du son, de ceux qui ont fait vibrer Glastonbury, roulé leur bosse dans les studios d’Abbey Road, et parfois même réveillé des cathédrales avec des kilowatts pleins de grâce.
MC² Audio, c’est l’école du sérieux britannique : des amplis sobres comme un majordome de Buckingham, capables de balancer du courant pour alimenter la moitié d’un festival sans broncher. Mais un jour – peut-être un soir de brume dans le Devon – l’idée a germé : et si l’on transposait cette rigueur dans un écrin plus élégant, plus raffiné… plus domestique, oserait-on dire ? Ainsi naquit Ultrafide, la division audiophile maison. Le même savoir-faire, mais cette fois dans un costume trois pièces, sans les ventilateurs rugissants ni les châssis format frigo de régie.
Et voici que débarque le DIAS. Non, ce n’est pas une divinité grecque oubliée – encore que – mais le dernier-né de cette lignée hybride. Dynamic Intelligent Amplifier System, pour les amateurs d’acronymes bien peignés, mais l’essentiel est ailleurs. Car cet amplificateur n’a pas été conçu pour impressionner sur une fiche technique, bien qu’il le fasse sans mal : 1000 watts par canal, un transformateur torique capable de réveiller un paquebot, une topologie en classe AB avec polarisation flottante qui suit le signal comme une ballerine sur parquet ciré.
Mais oublions un instant les chiffres – car ce DIAS-là, on ne le comprend vraiment qu’en l’écoutant.
Je l’ai donc relié à une configuration dont je connais chaque respiration : les Lawrence Audio Double Bass, enceintes aussi sculpturales que musicales ; le B.dpr EX de B.audio, préampli, DAC et streamer dans un seul boîtier, aussi transparent qu’un bon whisky pur malt ; et pour que le courant passe sans fausse note, les câbles Albedo Silver Monolith Reference, dont la pureté ferait rougir un lingot d'argent.
Et là… là, surprise.
Dès les premières mesures, le DIAS m’a cloué dans mon fauteuil avec une autorité tranquille. Pas d’esbroufe, pas d’effet waouh racoleur. Non. Juste cette sensation immédiate de souplesse dynamique, cette aisance à faire respirer la musique, comme si l’ampli anticipait les besoins de chaque note avant même qu’elle n’éclose. Une lisibilité spectrale d’école, une réponse transitoire d’une rapidité confondante, et cette impression rare de voir les enceintes se détendre, enfin délivrées de toute tension.
Le grave ? Un modèle du genre. Mon cher boomer de 30 cm, que je croyais pourtant bien connaître, s’est mis à parler avec une diction inédite : articulé, ferme, mais sans raideur. Une sorte de baryton agile, capable de soutenir le rythme tout en dansant avec grâce. L’impulsion est nette, sans bavure, le rebond est là, et le tout sans jamais boursoufler ni traîner la patte.
Et ce n’est pas tout. Car même à un niveau modeste — 60 dB mesurés au point d’écoute (autrement dit, pas de quoi déranger ni le hérisson ni la voisine acariâtre) — la scène sonore reste ouverte, déployée, avec un air presque palpable entre les instruments. On perçoit l’espace, la profondeur, le grain du lieu. Ce n’est plus de la restitution, c’est une reconstitution. Un hologramme sonore, sans effets spéciaux.
En refermant cette séance d’écoute, une phrase me vient — vieille comme mes premières écoutes de vinyles Philips rouges : un ampli ne doit jamais s’imposer, il doit servir. Et c’est précisément ce que fait le DIAS : il s’efface avec majesté, pour mieux laisser la musique s’incarner.
Alors, oui, le tarif du DIAS tutoie les cimes himalayennes — 35 000 €, soit à peu près le prix d’un quart de silence chez ECM ou d’une table en loupe de noyer chez Wilson. Mais à ce niveau, on ne parle plus d’un achat rationnel. On parle d’un moment rare, d’une expérience sonore qui vous replace face à votre passion, les yeux brillants, l’oreille grande ouverte, et le souffle un peu court.
Le DIAS n’est pas là pour longtemps. De passage éphémère chez Opus 51, tel un virtuose qui ne joue qu’une date unique avant de disparaître, il ne sera présent que quelques jours. C’est donc maintenant qu’il faut venir l’écouter, ressentir cette alchimie entre tension contenue et fluidité musicale, entre force brute et élégance feutrée.
Car parfois, il suffit d’un seul morceau, d’un frisson inattendu, pour que l’on redécouvre pourquoi l’on aime tant cette folie qu’est la haute-fidélité. Et si vous ne repartez pas avec l’ampli (ou votre banquier), vous repartirez au moins avec une oreille transformée — et ça, croyez-moi, ça n’a pas de prix.
« Envoyez la lumière dans les profondeurs du cœur humain — tel est le devoir de l’artiste. » — Robert Schumann
Prix public au 01-06-2025 : 35.000 € ttc
Ultrafide DIAS: Power with Grace
Wednesday morning. 6 a.m. The sun, bold as ever, is already poking its nose through the blinds, casting a warm ray across my mug of cold Nescafé. It sits there, silent witness to this absurd routine: trying to write about sonic emotion on a keyboard that makes more typos than my stiff fingers can fix. Windows is lagging, as usual, and so am I. But never mind—the memory of last night's listening session still burns in my temples, and it needs to come out.
Sometimes you have to cock your ear all the way to the depths of rural England to hear whispers of wonder. Ultrafide Audio may not ring a bell—say it softly, and you'll be forgiven. Because behind this young English brand stands a deeply rooted cedar: MC² Audio, a name well known among audio professionals, the kind that have made Glastonbury rumble, put in long hours at Abbey Road Studios, and even awakened cathedrals with graceful kilowatts.
MC² is classic British seriousness: amplifiers as discreet as a Buckingham butler, capable of powering half a music festival without flinching. But one day—perhaps on a foggy Devonshire evening—the idea blossomed: what if all that rigor were wrapped in something more elegant, more refined... more domestic, dare we say? Thus was born Ultrafide, the brand’s audiophile division. The same expertise, now dressed in a three-piece suit—no roaring fans, no fridge-sized racks.
Enter the DIAS. No, not some forgotten Greek deity—though close—but the latest addition to this hybrid lineage. Dynamic Intelligent Amplifier System, for fans of well-groomed acronyms, though the essence lies elsewhere. This amplifier wasn’t designed to dazzle on paper, though it certainly does: 1,000 watts per channel, a toroidal transformer capable of jump-starting a ship, and a Class AB topology with floating bias that follows the signal like a ballerina across polished parquet.
But let’s set aside the numbers—because this DIAS, you only understand it when you hear it.
I connected it to a system I know like the back of my hand: the Lawrence Audio Double Bass speakers, as sculptural as they are musical; the B.audio B.dpr EX, a preamp, DAC, and streamer all in one, as transparent as a fine single malt whisky; and to link it all, Albedo Silver Monolith Reference cables, their purity enough to make a silver bar blush.
And then... surprise.
From the first notes, the DIAS nailed me to my chair with calm authority. No flashiness, no cheap thrills. Just that immediate sense of dynamic suppleness, the ease with which it lets music breathe, as if the amp anticipated every note’s needs before it was even born. Textbook spectral clarity, lightning-fast transients, and the rare impression that your speakers are finally relaxing, released from all constraint.
The bass? A textbook case. My trusty 30 cm woofer, which I thought I knew so well, began to articulate with a newfound diction: articulate, firm, yet never rigid. A sort of agile baritone, able to keep time while dancing with grace. The attack is crisp, the bounce is there, never bloated, never dragging its feet.
And there’s more. Even at moderate levels—60 dB measured at the listening point (in other words, not enough to disturb the dog or the cranky neighbor)—the soundstage remains open, expansive, with almost tangible air between instruments. You sense space, depth, texture. This is no longer reproduction—it’s reconstruction. A sonic hologram, without special effects.
As I closed the listening session, a phrase came to mind—one as old as my first listens to those blue-labeled Philips LPs: an amp should never impose itself—it should serve. And that’s precisely what the DIAS does: it steps back with majesty, letting the music take center stage.
So yes, the DIAS comes with a Himalayan price tag—€35,000, about the same as a quarter note of silence at ECM or a walnut burl coffee table from Wilson. But at this level, we’re no longer talking about a rational purchase. We’re talking about a rare moment, an emotional experience that puts you face-to-face with your passion, eyes gleaming, ears wide open, breath slightly short.
The DIAS won’t be here for long. A fleeting guest at Opus 51, like a virtuoso giving a single performance before vanishing, it will only be available for a few days. So now’s the time to come listen, to feel that alchemy of coiled energy and musical flow, brute force cloaked in velvet.
Because sometimes, all it takes is a single piece, an unexpected shiver, to remind us why we fell in love with this madness called high fidelity. And even if you don’t walk away with the amp (or your banker), you’ll leave with transformed ears—and that, believe me, is priceless.
"Send light into the depths of the human heart—that is the artist’s duty." — Robert Schumann