dimanche, 17 août 2025 08:04

Händel : Music for the Royal Fireworks – Water Music (1736)

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Händel - Music for the Royal Fireworks – Water Music

Jean-François Paillard dirige Händel : un baroque qui a trop vieilli
(Attention, ce billet est teinté d’une pointe de mauvaise foi et nourri de nombreux a priori.)

Oeuvres : Georg Friedrich Händel : Music for the Royal Fireworks – Water Music
Interprétes : Jean-François Paillard -Orchestre de Chambre Jean-François Paillard
Format : CD et HiRes Éditions multiples (original années 1970, réédition CD Erato/Warner)
Genre : Classique Baroque

Note technique : 8/10
Qobuz : https://open.qobuz.com/album/s289n394onccb 

Confortablement installé devant mon système audio haut de gamme, ce matin d’août vers 11h30, avec 25 °C au thermomètre, la musique de Händel semble d’abord couler agréablement. Mais très vite, derrière la belle prise de son et le confort feutré de Jean-François Paillard, je me surprends à bâiller : en 2025, ce baroque compassé a vraiment trop vieilli.

Le baroque poudré, millésime années 70

Paillard, figure phare d’un baroque « à la française » – chambré, soyeux, parfumé à la lavande – incarnait alors le chic musical. Vibrato généreux, tempi de salon, cors très policés : dans les années 70, cela passait pour raffiné.
Aujourd’hui, cela relève de l’archéologie sonore : une curiosité qu’on écoute avec le même entrain qu’une rediffusion en noir et blanc d’un feu d’artifice du 14 juillet.

Une écoute quasi impossible en 2025

Soyons francs : réécouter cet enregistrement aujourd’hui est presque impossible. Le baroque informé est passé par là : Harnoncourt a injecté du sang neuf, Pinnock a ramené la danse, Gardiner a réveillé le théâtre. Même Marriner, pourtant peu révolutionnaire, faisait pétiller davantage ses fusées.

À côté, Paillard sonne comme un oncle en gilet de velours qui improvise Händel au clavecin de salon pendant qu’on sert le porto. Charmant cinq minutes, indigeste au-delà.

Ce qu’on en disait… hier 

Il faut pourtant rappeler que cet enregistrement fut bien accueilli à sa sortie :

Dans les années 70, on saluait une version « définitive », chic et élégante.

Et même aujourd'hui

Classical.net parle d’une Royal Fireworks Music « fraîche, vive et alerte », portée par l’ensemble chambré de Paillard.

Le Green Man Review confesse même avoir été conquis : « The performance here fully does the composer justice. This is no pared down, austere performance… the playing is superb throughout. » (agreenmanreview.com)

Sur les forums audiophiles, on parle d’un disque « bien joué et clairement enregistré » (audio-forums.com).

Et même Amazon lui décerne un 4,2/5, louant la « pureté » et la qualité de la direction (amazon.com).

Bref : rien de négatif. Les critiques n’y entendent qu’élégance et maîtrise.

… et ce que j'en pense aujourd’hui

C’est là que le décalage devient savoureux. Les critiques d’hier, sérieuses et élogieuses, nous paraissent aujourd’hui aussi jaunies que les réclames pour les cigarettes « bonnes pour la gorge ». Ce qui fut encensé comme « chic et raffiné » apparaît désormais comme compassé et figé.

En 2025, écouter ce disque revient à admirer un feu d’artifice filmé en VHS : tout est là, mais la magie n’opère plus. Händel, c’est la fête, la foule, l’excès, l’étincelle. Ici, tout est poli, momifié, presque embaumé.

Qu’écouter en 2025 ? Les références vivantes

En 2025, plusieurs versions font toujours figure de références incontournables pour goûter à la vraie vitalité de ces œuvres. Trevor Pinnock (Archiv, 1983) reste un modèle de fraîcheur et d’énergie, avec un sens de la danse irrésistible. John Eliot Gardiner (Erato, 1983) conserve toute sa force dramatique et théâtrale, capable de transformer un simple divertissement en fresque jubilatoire. Nikolaus Harnoncourt (Teldec, 1991) demeure une lecture âpre mais incroyablement vivante, où l’on sent presque la foule londonienne massée sous les fusées. Et pour ceux qui préfèrent une élégance plus policée mais toujours pleine de vie, Neville Marriner (Decca, 1974) tient remarquablement le choc du temps.
En somme : quatre piliers qui, chacun à leur manière, redonnent à Händel l’éclat, la sève et la jubilation que l’on ne retrouve pas dans les versions trop compassées d’autrefois.

Conclusion

Gardons ce disque comme témoin d’une époque où le baroque se vivait en smoking. Mais pour le plaisir de l’écoute, tournez-vous vers Pinnock, Gardiner ou même Marriner. Paillard, aujourd’hui, c’est un feu d’artifice sous la pluie, avec des bouchons d’oreilles.

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